L'hygiénisme est un courant de pensée apparu au milieu du XIXe siècle, lié en partie aux travaux de Pasteur et qui prône une nouvelle approche de l'environnement humain. Dans le domaine de la santé, les théories hygiénistes postulent qu'une amélioration du milieu de vie des Hommes entraîne une amélioration de leur santé, toutes catégories sociales confondues. En quelques sortes, les pratiques politiques, sociales, architecturales et urbanistiques doivent suivre les règles de préservation de l'hygiène et de la prévention en santé publique, selon les prescriptions médicales et éventuellement diététiques.
L’objectif de l’hygiénisme est de guider les décisions politiques dans la gestion des apports des sciences, telles que l'épidémiologie ou la démographie, dans une optique d'optimisation des coûts sociaux, d'épanouissement de l'individu et du vivre-ensemble.
Des travaux, notamment urbanistiques, sont ainsi entrepris dans les domaines suivants : assainissement, aération, destruction des taudis… Cela a pu passer, par exemple, par le fait de concevoir des immeubles collectifs laissant pénétrer la lumière et la verdure, construire dans les hôpitaux des pavillons distincts pour chaque pathologie, relier les immeubles à l'égout, rendre obligatoire les poubelles, ou organiser au niveau des municipalités des centres aérés pour les enfants. De nombreux médecins, ingénieurs et architectes européens contribuent au développement de ces villes. La diversité des solutions mises en œuvre, qu’il s’agisse de traiter les eaux en vue de leur consommation, de les récupérer et épurer après usage, ou de prendre en charge les ordures ménagères démontre l’ampleur du problème.
Depuis le début de la crise du Coronavirus en 2020, le gouvernement français ne cesse de diffuser un message de prévention sanitaire : les fameux gestes barrières. Ces règles simples d’hygiène personnelle et collective (comme se laver les mains régulièrement) prouve bien que l’hygiène personnelle devient une préoccupation nationale d’importance ! L’hygiène est la science qui enseigne les mesures propres à conserver la santé.
Évidemment le développement des questions sanitaires est étroitement lié aux transformations des structures sociales. Il faut donc s’adapter à la société d’aujourd’hui et mettre à jour des décisions prises dans le passé. Le plan de déconfinement prévoit ainsi de nouvelles règles de distanciation sociale dans les transports mais aussi les écoles… des démarches de désinfection strictes.
La pandémie du Covid 19 nous conduit à nous interroger sur l’hygiénisme et son évolution actuelle.
Aux réponses immédiates doit succéder une vision à plus long terme qui apporte des solutions durables à cette crise sanitaire et sociale. En effet, comment éviter une résurgence de l’épidémie ou, plus généralement, comment minimiser le risque d’apparition d’une nouvelle pandémie virale ?
Face à une épidémie inédite, la science médicale contemporaine nécessite des temps lents incontournables pour la recherche, les études scientifiques, la création de nouveaux médicaments et vaccins, leur production. Dans ce contexte, les approches environnementales autrefois promues par l’hygiénisme, et réalisées concrètement à travers certains principes de l’architecture moderne et de l’urbanisme, pourraient s’avérer être des alternatives supplémentaires bien utiles et capables d’agir de manière préventive : faute de médicament disponible dans l’immédiat, faisons en sorte que le bâti soit bien ventilé, ensoleillé et désinfecté, que la nature et les espaces libres aient une place plus importante, que les flux de population soient mieux organisés pour minimiser la propagation des virus … Le principe de précaution est le suivant : en configurant la ville et les lieux de vie d’une certaine manière, en évitant une trop forte densité de population, on pourrait certainement minimiser le risque d’apparition d’une nouvelle épidémie et en limiter la portée.
Des distributeurs de masques et de gel hydroalcoolique à tous les coins de rue, des terrasses de café aux tables très espacées, des trottoirs élargis pour que personne ne se frôle, des écoles entièrement réaménagées, moins d’immeubles, moins d’habitants, davantage d’hôpitaux… Dans les semaines, mois et années qui viennent, Paris et les grandes métropoles pourraient bien être transformées en profondeur par l’onde de choc du Covid-19. Les pensées et motivations de l’hygiénisme très à la mode à la fin du XIXe siècle se retrouvent de nouveau en tête d’affiche, avec pour but d’optimiser les conditions sanitaires de toute la population et ainsi régler les problèmes de pandémie ou autre plus rapidement et avec moins de difficultés que celles rencontrées dans la période actuelle.